Tarifs, énergie et transports : Ce que surveillent les analystes.

Dans un climat mondial marqué par des tensions commerciales, des cycles industriels bousculés et une transition énergétique accélérée, le plus récent webinaire de Fidelity a donné la parole à Jin Hwang, analyste des marchés macroéconomiques et énergétiques. Voici un survol des points marquants de cette diffusion.

Contexte macroéconomique : l’ère de l’incertitude

L’environnement économique mondial traverse une période de forte instabilité. Entre les tarifs douaniers incertains, les tensions entre les États-Unis et la Chine, et le ralentissement de la demande mondiale, les entreprises hésitent à investir. Jin Hwang insiste sur le fait que l’incertitude prolongée freine plus les décisions d’investissement que les mauvaises nouvelles connues.

Secteur de l’énergie : complexité et niches stratégiques

Le marché de l’énergie vit un paradoxe : l’offre mondiale augmente (post-COVID), tandis que la demande se fragilise à cause des perturbations logistiques et des politiques protectionnistes. Néanmoins, Jin Hwang identifie des opportunités :

  • Gaz naturel : essentiel pour le chauffage, la production électrique et les centres de données en IA.

  • Propane canadien : forte demande en Asie, avec une capacité d’exportation en croissance.

  • Infrastructure existante : possibilité de gains rapides si l’environnement politique devient plus prévisible.

Transports : un cycle à reconstruire

Dans le secteur du transport, l’heure est à la prudence. La chute des importations en Amérique du Nord provoque une baisse de la demande en fret et en carburant. Mais cette situation, selon Hwang, pourrait poser les bases d’un nouveau cycle de croissance, puisque certains transporteurs affichent des pertes pour la première fois en 30 ans. Ce genre de signal est aussi le point de départ de nouvelles opportunités.

Des valorisations historiquement basses dans certaines entreprises bien gérées pourraient offrir des points d’entrée intéressants pour les investisseurs à long terme.

Aérospatiale et défense : des piliers de stabilité

CContrairement à d’autres segments industriels, l’aérospatiale commerciale et le secteur de la défense se montrent résilients :

  • Carnets de commandes de 7 à 8 ans dans l’aviation commerciale.

  • Hausse inattendue des budgets militaires aux États-Unis.

  • Valorisation croissante des entreprises européennes de défense.

Ces secteurs offrent une visibilité à long terme précieuse en période de turbulence.

Relocalisation industrielle et investissement stratégique

La relocalisation (nearshoring) devient une tendance majeure en Amérique du Nord. Les États-Unis et le Canada attirent à nouveau les capitaux, notamment dans les infrastructures, le ferroviaire et l’industrie lourde.

  • Les projets industriels se multiplient, bien qu’ils soient freinés par la rareté de la main-d’œuvre.

  • Le Canada attire les investisseurs étrangers grâce à ses ressources naturelles sous-utilisées et à ses réseaux logistiques performants.

Anticipation de récession : une économie en attente

Certains segments des marchés semblent déjà avoir intégré le scénario d’une récession. Les valorisations de certaines entreprises reflètent un pessimisme marqué. Jin Hwang y voit toutefois des opportunités pour les investisseurs patients.

Ports, logistique et effets en cascade

Les ports de la côte ouest nord-américaine subissent une baisse de volume attribuable à la diminution des commandes en provenance d’Asie. Cette contraction a des effets en cascade :

  • Moins de marchandises = moins de transport = moins de carburant consommé.

  • Réduction de la production manufacturière due à l’absence d’intrants.

Le Canada pourrait tirer parti de ce repositionnement logistique, notamment avec les exportations de propane vers la Chine et les ports de la Colombie-Britannique.

Résultats financiers : un Q2 décisif

Le premier trimestre 2025 a été dopé artificiellement par des achats anticipés (effet d’inventaire). C’est donc le deuxième trimestre qui servira de véritable baromètre économique.

  • Plusieurs entreprises ont maintenu leurs prévisions, faute de visibilité.

  • Les analystes s’attendent à des révisions de guidance et une hausse de la volatilité à court terme.

  • Dans les secteurs à long cycle (défense, aérospatiale), la visibilité demeure solide.

Conclusion : clarté, résilience et sélectivité

Le message principal de Jin Hwang est clair : l’incertitude est l’ennemi n°1 de la croissance, mais elle crée aussi des opportunités pour ceux qui savent lire entre les lignes. Les secteurs défensifs, les infrastructures critiques et les entreprises à gestion disciplinée pourraient s’avérer les gagnants de cette phase transitoire.

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